Johannes Brahms, mémorial à Vienne

Un requiem allemand

Cette oeuvre momumentale pour choeur de 1866 lui a été inspirée par la mort de sa mère et l'a rendu célèbre.
Le requiem allemand n'est pas du tout un requiem au pied de la lettre. Car l'oeuvre de Brahms ne satisfait pas aux conditions de base du requiem, càd : composition de textes issus de divers chants qui sont utilisés pendant la célébration d'une messe pour des défunts dans la liturgie de l'église catholique de Rome. C'est une oeuvre pour une utilisation protestante, et là on ne connait pas par définition la messe de requiem.

Du fait que Brahms ne devait pas se tenir aux textes de la liturgie catholique traditionnellement écrits en latin, il a pu décider de ce qu'il allait utiliser pour sa composition. Avec beaucoup de soin il a choisi une série de textes bibliques de la langue allemande, c'est pour cette raison que l'oeuvre a reçu le nom de : Ein Deutsches Requiem.

Le requiem allemand n'est de ce fait pas à comparer avec les nombreuses messes de mort d'autres compositeurs (ex : Mozart). L'oeuvre de Brahms raconte la manière avec laquelle l'être humain appréhende le tragique de la mort, avec le contraste entre la fugitivité et l'éternité, et avec le deuil et le réconfort.
Et celà pas au travers d'une forme écclésiastique formelle, mais plutôt basé sur une pensée libre religieuse du 19ème siècle avec une croyance ferme comme le roc dans l'idéal humain.
Brahms a même écrit lui-même qu'il aurait préféré remplacer dans le titre le mot Deutsches par Menschliches.

Bien que l'oeuvre dans le sens formel n'aie aucun lien avec la forme originale d'un requiem, elle peut porter ce nom au niveau de l'ambiance.
Car l'idée de fond d'un requiem y est présente : la prière et le réconfort des proches.
De par la combinaison des textes sélectionnés par Brahms (parmi les psaumes du nouveau testament) et le soulignement de ceux-ci par la musique, il s'agit d'une oeuvre avec une grande profondeur émotionnelle, avec un caractère méditatif fort.

Brahms commença à écrire le requiem vers 1860. En 1868 il était terminé : à ce moment c'était encore une oeuvre en six parties. Peu après il a ajouté l'actuel cinquième morceau ("Ihr habt nun Traurigkeit"), la partie la plus poignante, qui a été écrite à l'origine en mémoire de sa mère décédée. Avec ce dernier morceau l'oeuvre a acquis la forme que nous connaissons actuellement : une grande oeuvre en sept parties pour choeur, orchestre et deux solistes, qui dure un peu plus de 70 minutes.

Caractéristiques romantiques de l'oeuvre

  • L'idée de la mort domine l'oeuvre
  • Liberté de structure
  • Composition complexe
  • Passion dans l'expression
  • Mélodie : complexe, grande tessiture, intervalles expressifs, utilisation de chromatique
  • Rythme : assemblé, irrégulier, avec des accents inattendus, syncopes
  • Harmonie : polyphonie expressive
  • Instrumentation : lourd, coloré, virtuose
  • Beaucoup de contrastes (instrumentation, dynamique)
  • Parfois des modulations osées
  • Rapport entre texte et musique : dramatisation du texte ; la signification du texte est accentuée par la partie instrumentale.

Orchestration

Orchestre symphonique romantique : bois, avec ajout de la flûte piccolo, et ad libitum : contrebasson.

  • Cuivres
  • 3 timbales
  • Au minimum 2 harpes
  • Cordes
  • Ad libitum : orgue
  • Choeur à 4 voix
  • Solo soprano solo (partie 5)
  • Solo basse (partie 3) + solo baryton (partie 6) ou solo baryton (parties 3 et 6)

Extraits et commentaires de Simon Rattle, Berliner Philarmoniker (en anglais)